Dès la Protohistoire (de l'âge des métaux à l'apparition de l'écriture, 3ème au 1er millénaire avant JC), la vallée de la Durance était un axe de pénétration de courants commerciaux et civilisateurs.A la fin du II e siècle avant JC, Domitius Ahenobarbus choisit la vallée de la Durance pour relier l'Italie du nord à la Gaule méridionale pour ce qui deviendra la voie Domitienne.
Bien que la Durance fût considérée comme un torrent tumultueux, au lit instable, à l'époque elle était navigable, de Sisteron à Arles.
Ces bateliers, les nautes, qui pouvaient aussi être des négociants, transportaient toutes sortes de marchandises, lourdes ou moins lourdes.
Ils utilisaient la technique du halage et des chemins de halage avaient été créés et entretenus.
Fin du XIX siècle, à la suite de crues de la Durance, des archéologues découvrent un port antique, Le Bourguet. Ce site était idéalement placé, à la fois sur le cours de la Durance, relativement à l'abri dans un coude de la rivière, et à la fois sur la route antique qui menait de Sisteron à Cemene-Cimiez, aujourd'hui quartier résidentiel haut de gamme de Nice qui abrite les vestiges de cette cité romaine, proche de la route qui menait vers Fréjus, et proche de la route de l'Italie qui passait à Sisteron
Dans le journal de Forcalquier et de la Haute Provence du 25 avril 1886, sous le titre "un Pompéi provençal" on peut lire : c'est une ville tout entière qui git à environ 2 m de hauteur au-dessus des eaux de la Durance. Elle parait avoir été fort grande et s'être étendue à plusieurs kilomètres au loin.
Ce site a révélé plusieurs découvertes, caves avec des jarres qui renfermaient les denrées agricoles, temple païen, colonnes, … et nombreuses personnes s'y sont intéressé, dont les abbés Maurel et Sauvaire.
Parmi les trouvailles, en 1873, une Minerve debout, emblème du Patrimoine escalais.
En 1959, il est décidé de construire un barrage à L'Escale et trois campagnes de fouilles rapides ont été organisées sur le site. Elles seront conduites de 1960 à 1963 par Raymond Moulin, amateur passionné sous la direction d'Henri Rolland, Directeur de la circonscription archéologique. L'essentiel du mobilier découvert se trouve conservé au Centre de conservation et d'étude de Riez.
Les fouilles modernes ont permis de mettre en évidence 3 phases d'occupation :
o 1 siècle avant JC, la création de l'agglomération
o Puis un développement avec une densité urbaine plus forte, jusqu'à la destruction par l'incendie de 275
o Enfin, une réoccupation des lieux jusqu'à l'abandon fin du 4 ème siècle.
Il semblerait qu'au XII siècle, la station fluviale du Bourguet ait repris vie dans des conditions encore mal connues et sur un site disparu ou non repéré.
S'étendant à l'origine sur près de 10 hectares, principalement entre le ravin du Fonderas et le torrent des Naisses (où l'on faisait rouir le chanvre), entre la rivière et l'éperon rocheux, la petite ville a vu un tiers de sa surface environ emporté par les crues de la Durance.
La ville était bâtie selon un quadrillage régulier, des ruelles descendant vers la rivière, tandis que la voie antique la traversait parallèlement à la Durance. Les maisons étaient bâties avec des galets ou des moellons liés par un mortier de chaux, recouverts souvent d'enduits de couleur. Les toits en tuiles, les sols en terre battue ou béton grossier. Des débris de verre attestent de la présence de vitres.
De nombreux espaces, quais, entrepôts, témoignent de l'activité de commerce. De même que des objets attestent de la présence de bétail, du travail de la peau et d'autres se rapportent aux productions agricoles : meules à grains pour les céréales, pressoir à huile pour la culture des oliviers, dolia (jarre) pour le vin.
Enfin, la population semble avoir disposé d'un niveau de vie aisé dû aux échanges
Une maquette du site du Bourguet est exposée à la mairie de L'Escale au 1 er étage