VIEILLE VILLE
Le hameau de Vière, dont l’étymologie se comprend aisément, placé sur un mamelon de 738 mètres d’altitude, à 1.500 mètres environ du hameau chef-lieu, était autrefois le castrum proprement dit qui portait le nom de l’Escale. Ce castrum ne dut jamais être bien considérable ; mais sa situation sur un coteau escarpé, dominant au loin la plaine et commandant le chemin royal et le passage de la Durance, lui donnait une certaine importance stratégique. Bien que déjà le village fut ceint de murs avec créneaux, le comte de Carces le fit fortifier davantage en 1568, dans le but de garder la rive gauche de la Durance, et de s’emparer de la Baume, faubourg de Sisteron. On voit encore aujourd’hui, à fleur de terre, les restes de cet avant-mur et de ces fortifications qui faisaient de l’Escale une place si importante, nous dit Louvet, « que toute la province était réduite sous le service du roy hormis Seyne et l’Escale qui était de difficile situation ».
L’ancien château féodal, qui fut pris et ruiné par les religionnaires en 1567, était situé au sommet de la colline et à l’extrémité du village qu’il dominait tout entier. Voici ce que nous relevons au sujet du château dans un document précieux du 19 mars 1544 : « ... en signe de haulte, basse et moyenne juridiction, tient ledict deffandeur au dict lieu de l’Escalle une maison ou il habite, dict et appellé le château autrement la forteresse ou la court, non point simplement maison comme l’on appelle les maisons des aultres que n’ont eus semblable jurisdiction... en signe de demostration de ce que dict est dessus, et de haulte jurisdiction ledit château et fortaresse est pausé et situé au plus hault et eslevé lieu de ladicte ville dudit Escalle, joinct avec les murailles d’icelle ville et lieu... ledict château et fortaresse est au dehors de ladicte ville, ayant une porte pour pouvoir entrer dudit chateau et fortaresse dans ladicte ville sans sourtir, sans passer par aultres portes ordinères quant bon luy semble, avec une aultre porte au dehors de ladicte ville pour entrer audit château et en sortir samblablement... que ledict lieu et ville de Lescalle est fermé et cloz de muraille tout autour avecques cryneaulx au dessus comme est aussi ledit château et fortaresse que a samblablement crynaulx tout autour, plus haultz toutes fois et plus esleves beaucoup que ceux de ladite ville, tenant aussi ledict château une tour au-dedans de fortaresse ayant troys portes, l’une au dessus de l’autre auxquelles l’on ne peult monter sans eschelles en signe de haulte juridiction et supéryorité, etc., etc. » Il ne reste plus de cette forteresse féodale que quelques ruines à fleur de terre qui servent à en désigner l’emplacement.
Après la destruction du château, une maison seigneuriale fut construite un peu au-dessous, vers le midi, et au milieu d’autres habitations. Ce qui en reste encore ne révèle rien de féodal, ni dans la structure, ni dans la disposition.
Une source à faible débit, naissant sur le flanc occidental du mamelon, fournit à peine l’eau nécessaire aux rares habitants de ce hameau abandonné
Une chapelle fort exiguë et très basse, située à côté de l’ancien château et avoisinant le cimetière, servait autrefois d’église paroissiale aux habitants de Vière, qui n’ont jamais dû être bien nombreux.
Cette chapelle qu’on nous a dit être au hameau de ville et avoir été autrefois église parroissiale ». On la trouvait en bon état jusqu'au début du XXe Siècle, voûtée, blanchie, pavée, avec un tableau en détrempe en dessus de l’autel qui était trop petit.
Appelée "La chapelle de Saint-Michel", elle montrait encore au loin son campanile blanc au milieu des ruines grisâtres du hameau de Vière, elle fut pendant longtemps l’église paroissiale du lieu.
Réduite à des proportions extrêmement exiguës puisqu’elle pouvait à peine contenir quarante personnes, elle devait avoir autrefois des dimensions plus étendues. Il est probable que le vaisseau, plus élevé, se prolongeait vers le midi dans le sens de la longueur, et que ce qui subsiste aujourd’hui n’était que le sanctuaire de l’ancienne église paroissiale.
la messe y était célébrée une ou deux fois par an ; mais le village étant aujourd’hui abandonné, cette petite chapelle, avec son campanile dépouillé, n’est plus là que comme souvenir.
Le cimetière est tout à côté.